FEU EN PLEIN VOL! L’échappée de justesse d’un pilote de planeur

par: Herrie ten Cate

C’était la première belle journée de vol de la saison, avec un ciel dégagé, des prévisions météorologiques favorables et un moral au beau fixe. Mon ASH 31 Mi, un planeur haute performance de 21 mètres à décollage autonome, était pleinement ravitaillé en carburant, minutieusement inspecté et prêt à voler depuis l’aéroport d’Invermere, en Colombie-Britannique. Dans ce type de planeur, le moteur est situé derrière le pilote, dans le fuselage, et l’hélice est actionnée électroniquement.

J’ai décollé de la piste 15 dans des conditions normales : les températures, tours/minute et paramètres de performance étaient tous dans les tolérances.

À 500 pieds, j’ai commencé mes vérifications habituelles après le décollage : j’ai rentré le train d’atterrissage, réglé les volets, remis les gaz et coupé la pompe à carburant secondaire.

C’est là que les choses ont mal tourné. Le moteur s’est soudainement arrêté.

J’ai rapidement remis la pompe à carburant secondaire en marche et j’ai réussi à poursuivre l’ascension. C’est alors que j’ai remarqué un message inquiétant sur l’unité de contrôle du moteur ILEC : « 0L ». Ma première pensée fut pour le carburant, et j’ai aussitôt compris qu’il y avait zéro litre de carburant.

Quelques instants plus tard, le moteur s’est à nouveau arrêté, et cette fois-ci, j’ai senti une odeur de fumée. Le moteur étant situé derrière moi, je ne pouvais pas voir les flammes, mais je savais que le planeur était en feu. C’est à ce moment que ma formation a pris le relais.

J’ai immédiatement fait demi-tour vers l’aérodrome, déployé le train d’atterrissage, enclenché le verrouillage de l’hélice pour réduire la traînée et demandé de l’aide par radio. J’ai demandé à mes collègues pilotes de venir à ma rencontre avec des extincteurs.

J’ai atterri en toute sécurité sur la piste 15, avec l’intention de rouler près des hangars. Mais peu après l’atterrissage, le poste de pilotage s’est rempli de fumée. J’ai immobilisé le planeur et j’ai immédiatement quitté l’appareil.

Quelques secondes plus tard, des flammes de près de deux mètres de haut ont jailli du compartiment moteur. Tout le vol, du décollage à l’évacuation, a duré moins de sept minutes. Une fois l’incendie déclenché, il ne m’a fallu que deux à trois minutes pour me poser au sol.

Nous avons essayé d’utiliser des extincteurs portatifs, mais ils n’ont pas suffi à maîtriser l’incendie. Notre collègue pilote Harry Peters nous a pressés de sortir le planeur en feu de la piste. Nous avons donc saisi les rails du poste de pilotage et tiré l’appareil sur le terrain, loin du trafic d’atterrissage. Nous avons également récupéré les documents de l’appareil, la bouteille d’oxygène et la verrière.

Un camion-citerne de la bande de Shuswap est arrivé rapidement et a commencé à éteindre le feu. Environ 10 minutes plus tard, un camion de pompiers est arrivé, mais s’est garé en plein milieu de la piste. Il a alors fallu insister à plusieurs reprises pour qu’il quitte la piste en service, car d’autres planeurs étaient encore en vol et devaient atterrir à Invermere.

Je pense qu’une rupture de la conduite de carburant a pu causer l’incendie, permettant au carburant de s’écouler directement dans le compartiment moteur où il a probablement pris feu au contact des gaz d’échappement. Une tache bleue visible sur l’empennage vertical laisse penser qu’il s’agit bien de carburant. L’enquête est toujours en cours.

Avec le recul, ce fut à la fois le pire et le meilleur jour de ma carrière de pilote de planeur. Le pire, pour des raisons évidentes, mais le meilleur parce que j’ai survécu pour pouvoir raconter cette histoire. Plus tard dans la soirée, j’ai célébré mon 27e anniversaire de mariage avec ma femme, en étant reconnaissant d’être en vie et encore plus déterminé à voler en toute sécurité.

Ce que chaque pilote doit retenir

Les situations d’urgence ne s’annoncent pas de manière polie. Elles surgissent soudainement. Voici ce que j’espère que chaque pilote retiendra de mon expérience :

  • Maîtrisez parfaitement votre manuel d’utilisation.
  • Installez-vous dans votre poste de pilotage et répétez concrètement les procédures d’urgence.
  • Prévoyez un plan pour l’imprévisible. Les pilotes qui anticipent sont souvent ceux qui s’en sortent indemnes.
  • Ne supposez jamais que cela ne vous arrivera pas.
  • Après tout entretien de l’aéronef, procédez à une inspection détaillée du travail effectué.
  • Les petits aéroports sont souvent éloignés des services d’urgence. Ayez à portée de main une trousse d’urgence contenant des gants ignifugés, une hache d’incendie, des cisailles à métaux, une scie à métaux et tout autre équipement utile. Indiquez clairement l’emplacement de celui-ci et assurez-vous que tout le monde le connaisse. Le temps est souvent un facteur critique.
  • Si l’aérodrome dispose d’un véhicule, assurez-vous qu’il est équipé d’un extincteur.
  • Invitez les services d’urgence locaux à l’aérodrome une fois par an. Proposez même d’organiser un exercice d’entraînement simulé.

Après avoir lu le rapport sur la catastrophe aérienne de Swiss Air qui s’est produite au large des côtes de la Nouvelle-Écosse dans les années 1990, j’ai su que, si jamais je sentais de la fumée, j’atterrirais immédiatement. L’équipage de Swiss Air a mis trop de temps à comprendre ce qui se passait.

Apprenez des expériences des autres.

Toujours vigilant. Toujours en sécurité. Toujours en vol.


À propos de l’auteur :

Herrie ten Cate vit à Invermere, en Colombie-Britannique, et est un pilote de planeur passionné depuis plus de 40 ans. Il détient à la fois une licence de pilote privé et une licence de pilote de planeur, et est un membre dévoué de la COPA depuis plus de 25 ans. Herrie est également l’animateur de The Thermal Podcast, une émission consacrée au monde du vol à voile.