January 6, 2021
L’IATA examine la nouvelle exigence canadienne des tests de COVID-19
admincopa
L’Association du transport aérien international (IATA) a publié une déclaration le 2 janvier dernier pour exprimer sa « profonde frustration » face à la nouvelle exigence des tests de dépistage de la COVID-19 pour tous les voyageurs aériens entrant au Canada.
Ces exigences – obligeant tous les passagers de plus de cinq ans à fournir un test de COVID-19 négatif pris dans les 72 heures avant l’embarquement – entrent en vigueur le 7 janvier 2021.
Représentant environ 290 compagnies aériennes, ladite déclaration de l’IATA a fait mention des points suivants :
Alors que l’industrie réclame depuis des mois des tests systématiques pour rouvrir les frontières sans mesures de quatorzaine, ces appels sont tombés dans l’oreille d’un sourd, en particulier au Canada. Maintenant, dans une décision qui ne peut être décrite autrement que par « le pire des deux mondes », le gouvernement oblige les passagers à fournir la preuve d’un test de réaction en chaîne de la polymérase moléculaire (PCR) de COVID-19 négatif effectué dans les 72 heures précédant le départ d’un vol vers le Canada, tout en refusant de lever les restrictions de voyage et les exigences de quatorzaine existantes.
Il est à la fois insensible et peu pratique d’imposer cette nouvelle exigence aux voyageurs dans un délai aussi court. De plus, il est absolument irréaliste d’obliger les compagnies aériennes à vérifier si les passagers se sont conformés à cette nouvelle règle. Ce n’est assurément pas leur rôle.
Les mesures frontalières de contrôle de la COVID-19 canadiennes figurent déjà parmi les plus sévères au monde, y compris des interdictions de voyager et des quatorzaines. Même si les tests de dépistage de la COVID-19 s’avèrent une stratégie d’atténuation des risques acceptée au niveau international, il n’est pas prévu d’assouplir la consigne actuelle de confinement de 14 jours ni d’éliminer les contrôles de température que les compagnies aériennes sont tenues d’effectuer sur les passagers souhaitant voyager au Canada. De plus, aucune explication n’a été fournie sur les raisons pour lesquelles un test PCR se révèle le seul test acceptable, étant donné qu’il n’est pas facilement disponible dans de nombreux pays.
Les graves conséquences économiques de la fermeture prolongée des frontières sont déjà évidentes. Les plus récentes estimations indiquent que la contribution directe du secteur de l’aviation au PIB de l’économie canadienne a chuté de 10,39 milliards de dollars américains (G USD) en 2020 par rapport à 2019, mettant en péril quelque 146 000 emplois canadiens. Dans son ensemble, la baisse annuelle de la contribution au PIB de l’économie du voyage et du tourisme est estimée à 21,29 G USD, menaçant environ 286 000 emplois.
Moins mesurables mais tout aussi tragiques, ces politiques à vision étroite – dont la conséquence est de fermer le Canada au reste du monde – exercent un impact direct sur les personnes séparées de leur famille ou celles qui luttent pour surmonter le chômage. Si la santé publique demeure la priorité absolue, les efforts pour contenir la COVID-19 doivent également tenir compte des effets néfastes sur le bien-être mental des Canadiens engendrés par la fermeture des frontières et le découragement des déplacements.
La voie à suivre passe par une mise en place bien planifiée et coordonnée de tests de dépistage effectués sur les voyageurs entrants, en remplacement des mesures de confinement de 14 jours. Au niveau d’infection actuel, les voyageurs testés garantiront que l’ouverture des frontières ne posera pas de risque supplémentaire de contagion en sol canadien. Nous mettons le gouvernement au défi de prouver le contraire.
En attendant, il incombe au gouvernement du Canada de suspendre cette initiative jusqu’à ce qu’il ait :
• établi les exigences de test et la coordination avec l’industrie pour atteindre des délais de mise en œuvre réalistes; et
• élaboré une stratégie politique pour rouvrir les frontières en toute sécurité en gérant le risque de contagion avec des tests qui viendront remplacer les mesures de quatorzaine.
Nous avons besoin d’aborder l’année 2021 en prenant des mesures pour vivre en toute sécurité avec la COVID-19. Quel est l’intérêt de mettre en œuvre des tests si cela n’entraîne pas une levée des fermetures de frontières ou des exigences de quatorzaine? Après neuf mois de frontières fermées et de confinement, nous ne pouvons pas nous permettre d’aller dans la mauvaise direction avec la mise en œuvre désastreuse d’une politique de tests contre-productive.
Alexandre de Juniac, directeur général et chef de la direction de l’IATA. (Photo : IATA)