Par Nicholas Mercer, journaliste de l’Initiative de journalisme local, The Central Voice (Photo : l’aéroport international de Gander)
De nombreux habitants de Gander souhaitent le rétablissement de sa liaison aérienne avec le reste du pays. En effet, depuis le début de la pandémie, les compagnies aériennes ont retiré plusieurs vols à l’aéroport international de Gander, isolant davantage la région centrale de Terre-Neuve en raison d’un manque de soutien aérien.
Le 23 janvier, Air Canada a abandonné le dernier de ses vols au départ de Gander, emboîtant le pas à une double annonce similaire survenue plus tôt cet été. Ce manque de liaison a eu un effet d’entraînement sur les entreprises et les habitants de la région. « Ce que nous entendons de nos membres, c’est que l’impact réel excède les effets qui sautent aux yeux », a déclaré Hannah DeYoung, première vice-présidente de la Chambre de commerce du Grand Gander. Dans cet esprit, la Chambre a récemment lancé une pétition qui sera envoyée à la Chambre des communes à Ottawa afin de la sensibiliser aux réalités de son aéroport. Par cette action, le groupe espère également attirer l’attention sur le sort des compagnies aériennes dans le pays, en mettant particulièrement l’accent sur ce que le manque de vols à destination et en provenance du centre de Terre-Neuve signifie pour la région.
La Chambre demande au gouvernement fédéral de fournir une aide financière aux compagnies aériennes canadiennes, de laquelle dépend le rétablissement du service aérien national vers des aéroports clés comme celui de Gander. La pétition demande également que des efforts soient déployés pour assurer une nouvelle liaison de Gander au continent, réduisant du même coup l’impact économique négatif sur la région.
La pétition fait progressivement boule de neige sur Internet. Depuis son lancement le 1er février jusqu’au moment d’écrire ces lignes, 973 personnes et entreprises à la grandeur du pays l’ont signée.
« Nos membres nous expliquent maintenant comment la situation affecte la chaîne d’approvisionnement », a indiqué Mme DeYoung. « L’impact immédiat se fait sentir dans l’approvisionnement des petites entreprises et le va-et-vient des travailleurs. » La restriction et l’annulation des vols au départ de l’aéroport se trouvent au coeur des préoccupations de nombreux habitants de la ville ces temps-ci.
La ville de Gander a été proactive dès le début de ses revendications pour l’aéroport. Récemment, la Ville a demandé aux gens de soumettre des témoignages sur leurs interactions avec l’aéroport et sur ce que le retrait de ces vols signifiait pour eux. L’un des répondants, Chris Fraser, est bien placé pour savoir que les restrictions à l’origine du déclin de l’aéroport touchent de nombreux secteurs d’activité. En tant que propriétaire et pharmacien de Gander Pharmachoice, il compte sur l’aéroport pour la totalité de l’approvisionnement de son entreprise. Bien qu’une grande partie de son volume de médicaments provienne d’un fournisseur local de St. John’s, certaines fournitures proviennent d’un fournisseur situé sur le continent. « Maintenant, la marchandise doit être transportée par avion quelque part ailleurs et/ou transportée par camion depuis un autre endroit », a commenté M. Fraser.
Les délais d’attente s’en sont vus immanquablement accrus, passant d’une journée par la voie des airs à deux, voire quatre jours. Cela signifie qu’il faut attendre presque une semaine pour être approvisionné en pansements ou en matériel de premiers soins. « Je ne peux pas parler pour les autres, mais à la lumière de l’impact négatif sur mes affaires, quiconque a besoin de recevoir un bien rapidement ne peut pas utiliser le service aérien », a ajouté M. Fraser.
En outre, il a été question de former un comité régional pour répondre aux différentes préoccupations et faire prendre conscience à quel point cette région dépend de l’aéroport. L’espoir de la pétition est de contribuer à cet effort de sensibilisation et faire entendre les voix de ceux qui sont directement touchés par les annulations.
« Notre crainte réside aussi dans la résilience et le rétablissement post-COVID-19, car rien ne garantit que ces vols reviendront et qu’ils reprendront au bon moment », a souligné Mme DeYoung. « Nous nous mobilisons pour faire valoir la situation actuelle, mais nous anticipons aussi la situation à venir. Il doit y avoir un plan qui stipule quand il sera possible de voyager et quand nous pouvons espérer un retour à la normale. L’accès à notre région est vital pour sa survie. »